Hygiène de traite La douchette, pas si rapide que cela

Après la lavette individuelle et le pré trempage, la douchette est également une technique de préparation à la traite à la disposition des éleveurs français. « Ceux qui la pratiquent revendiquent l’argument de la réduction du temps de travail et sont souvent réticents à en changer pour cette raison », présente Pierre Brouillet, président de la commission qualité du lait de la Sngtv (Société nationale des groupements techniques vétérinaires) lors du congrès annuel de Nantes le 23 mai dernier. « Les études de terrain montrent tout à fait l’inverse, en réalité, ce sont ceux qui passent le plus de temps. Bien réalisée, elle peut être satisfaisante mais réclame plus de temps que les autres. Il faut bien diriger le jet d’eau tiède sur le trayon sans mouiller le reste de la mamelle et essuyer ensuite avec une serviette en papier de bonne qualité et surtout à usage unique », préconise le spécialiste. « Sa mise en œuvre simple et le fait d’être facilement reproductible par différents trayeurs contribuent à son intérêt. Elle présente toutefois l’inconvénient de laisser souvent humides les mains du trayeur. Pour ce qui est de son coût, il est relativement élevé : 13€ par vache et par an, hors investissement initial. »

Un massage des trayons de 25 à 30 secondes

« Trop souvent, cette technique n’est pas correctement appliquée », souligne Frédéric Lemarchand, vétérinaire Pfizer Santé animale. « On constate trop fréquemment dans les élevages la pratique d’une aspersion en lieu et place d’une vraie pulvérisation, diffusée par une buse. Dans le premier cas, l‘éleveur consomme 7 fois moins de produit que ce que réclame la pulvérisation, une des raisons de la mauvaise efficacité de la pulvérisation tel que pratiquée dans les élevages. »

Le pré moussage la dernière des principales techniques d'hygiène de la traite pratiquées couramment par les éleveurs français. « Cette technique de pré trempage peut être une alternative chez les éleveurs qui ont du mal à utiliser la lavette individuelle », estime Pierre Brouillet. Basée sur l’application d’une mousse, la qualité de cette dernière sera déterminante sur l’efficacité, ainsi que le respect de la durée de contact. Son action détergente est plus importante que dans la technique du pré trempage. Autre avantage, l’éleveur garde les mains sèches. Enfin, la consommation est modérée tout en assurant le trempage de tout le trayon : estimée à 1 kg de mousse par vache et par an. 
 « Il convient de se rappeler dans tous les cas que toute molécule désinfectante a obligatoirement en efficacité un temps de contact souvent écourté dans les élevages », souligne Frédéric Lemarchand. Les techniques quelles qu’elles soient, obtiennent des décontaminations équivalentes si leurs protocoles sont appliquées correctement.
Le nettoyage de la peau du trayon n’est pas le seul objectif de la préparation à la traite, qui poursuit deux autres objectifs. « Le déclenchement du réflexe d’expulsion du lait est conditionné à la préparation des trayons », rappelle Pierre Brouillet. « La durée optimale de massage du trayon est de 25 à 30 secondes. La suppression du massage entraîne une perte de 5 à 20% de la quantité de lait collectée ainsi qu’un allongement de 30 à 60 secondes du temps de traite. La pose de la griffe doit alors survenir avant 2 minutes après le début de la préparation des trayons. L’élimination des premiers jets est le troisième objectif de la préparation. Personnellement, je trouve que pratiquer avec deux doigts est préférable à l’utilisation de toute la main pour des raisons de contamination. »

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